Le mercredi 1er mars 2023, suite à l’invitation de Laurence Corbel, maîtresse de conférence en esthétique à l’Université Rennes 2, Martin Dagois est intervenu dans le séminaire de recherche Autres fictions, autres savoirs : la fiction comme méthode pour y présenter une communication basée sur ses activités de recherche-création. Cette communication était intitulée cinéma burlesque : créer un contexte de fiction pour le délaisser au profit de l’action.
L’intervention débutait par une rapide présentation des travaux plastiques et des recherches de Martin Dagois. A propos de fiction, il a d’abord été expliqué dans le cadre de la série bricolages, constituée de sculpture et de vidéo, la fiction n’est pas forcément souhaitée initialement. Du moins, ces œuvres ne sont pas créées avec la motivation de raconter construire une fiction. Pour autant, il s’avère que la notion de fiction est malgré tout présente au sein de cette série, et puisqu’elle se manifeste, il faut alors la traiter, la considérer au niveau de la recherche théorique et de l’écriture de la thèse de doctorat.
Puis, toujours sur la thématique de la fiction, notion facilement compréhensible intuitivement mais difficile à délimiter, a été mené un développement à partir du petit personnage présent dans les vidéos de la série bricolages, en faisant écho au vieux les premiers pas du cinéma burlesque américain. Le genre est apparu autour des années 1910-1920 autour des figures de Charles Chaplin, Buster Keaton, Harold Lloyd, Harry Langdon, Stan Lorel & Oliver Hardy…
Il a alors été question des personnages solitaires, vagabonds et marginaux qu’incarnaient ces cinéastes à l’écran. Mais aussi de la façon dont ce genre burlesque use des principes du tragique, et fait rire en les exaltant, dans un grand vacarme sans réelle logique en termes d’histoire, de temps ou d’espace. Tout cela en soulignant que ces personnages, très souvent dépassés par les évènements, se retrouvent dans des nouveaux contextes pour finalement ne faire rien de plus que s’agiter et tout dérégler autour d’eux, dans un rythme débridé.
Si ces films incarnent naturellement quelque chose de l’ordre de la fiction, il s’agit avant tout d’un genre de cinéma d’action, action qui passe principalement par le corps. La narration y est en fait secondaire, et ne sert qu’à placer les personnages dans un environnement propice à créer des gags, et reprendra ensuite son cours à l’épuisement de la source comique d’une situation pour conduire le personnage vers un nouveau contexte et de nouvelles possibilités.
Ont été également traités le principe de jeu de la distanciation, ainsi que quelques possibilités d’effets de caméra, que l’on pourrait qualifier de bricolage pour créer des effets particuliers à l’image.
Il a enfin été question de parallèles possibles entre bricolage et burlesque. Une construction bricolée, en effet, peut amener au rire par son caractère ridicule et grotesque (dimension de ridicule qui peut alors s’étendre jusqu’au bricoleur ou à l’utilisateur de l’objet technique bricolé), comme peut relever du tragique, en se focalisant sur l’échec de l’entreprise technique.
Le bricolage peut comporter l’idée de la vérité – par l’exposition des lacunes techniques du bricoleur – comme du mensonge, cette fois par un arrangement peu orthodoxe relevant de la tromperie, tandis que le burlesque présente par des histoires et des situations drôles des formes de violence de notre monde.
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